COVID-19 : Crise sanitaire et incidence traumatique

psychologue traumatisme Saint-Malo

La crise sanitaire actuelle et ses répercussions à large spectre ont réveillé une peur archaïque. La peur est une émotion qui facilite la lucidité et met en jeu la prise de conscience morale en questionnant nos besoins, nos manques, nos manquements, et en fin de compte notre liberté. Ses effets constituent un vécu collectif autant qu'individuel ayant valeur de traumatisme. Un trauma, ou blessure psychologique, se définit comme quelque chose d'inattendu qui, en faisant effraction dans le psychisme, nous plonge dans un état de stupeur dévastant notre capacité à penser.

Le mot « crise » signifie étymologiquement transformation. Toute crise conduit à repenser la façon de vivre. Or, une phase de dépression est le prélude nécessaire à tout véritable changement. Elle est l'occasion de repenser la manière dont on prend soin de Soi par le biais de l'altérité. Confinés dans nos lieux de vie intimes, nous avons pu éprouver ô combien nous sommes des êtres sociaux qui ne peuvent faire sans l'Autre sans que n'advienne du même coup nul dommage pour soi et pour les autres. La crise sanitaire nous le rappelle, aujourd'hui, à notre corps défendant...

L'éviction des marques affectives témoignant de l'engagement de notre corps propre dans le lien social ( serrer la main, se faire la bise, tapoter l'épaule, etc. ) de même que la privation des contacts ordinaires avec les proches, ont fait surgir leur signifiance. La banalité de ces rapports réguliers, quand bien même ils s'avéraient conflictuels, voilait à quel point ils faisaient en fait partie intégrante de nos vies et entretenaient notre « oxygénation » sociale.

La conscience collective a permis de prendre à bras le corps la menace épidémique et maintenir de manière remarquable la cohésion sociale, la solidarité et la proximité morale. A ce titre, il serait plus judicieux de parler de « distanciation physique » plutôt que de « distanciation sociale ». Par ailleurs, l'existence des nouvelles technologies de l'information et de la communication s'est avérée une solution pour contrebalancer cette absence de contacts physiques. Des échanges réguliers à l'aide de médias comme le téléphone, les mails, les applications telles que WhatsApp et Skype ont tenté de pallier la solitude, permis d'activer nos réseaux et tisser une toile de soutien social réconfortant au jour le jour. L'invention du « cyber-apero » a, dans ce souci de refaire corps, d'être seul AVEC les autres, renouvelé l'abord de la convivialité !

Nous vivions à flux tendu, dans un temps fait d'instants successifs et de rapports toujours plus immédiats aux objets connectés qui nous entourent. Alors que nous prenions cette temporalité pour acquise, inébranlable, tout un chacun s'est retrouvé brutalement confronté à l'obligation d'attendre, à devoir prendre son temps en patience... Assigné à vivre reclus dans un espace atrophié par l'évanouissement des perspectives et par la restriction drastique de la liberté de circulation, chacun a alors été amené à expérimenter une suspension du temps devenu comme « élastique », telle la perception d'une action subitement mise au ralenti.

L'annonce de la pandémie de COVID-19, comme événement mystérieux et inexpliqué, a agi comme un révélateur de la structuration de nos personnalités ( paranoïaque, obsessionnelle, hystérique, etc. ).
Dans les états d'anxiété généralisée, la névrose d'angoisse a trouvé dans l'actualité du virus un objet où se fixer. L'ébranlement des repères temporels et spatiaux, en sus du bouleversement des repères sociaux et économiques, a provoqué chez certains un stress post-traumatique que traduisent les signes cliniques suivants : irritabilité, apathie, déprime, morosité, fatigue intense, troubles du sommeil, troubles de l'alimentation ( anorexie, boulimie, etc. ), comportements hypocondriaques, et mouvements phobiques signifiés par la peur de manquer. Ces symptômes ont été aggravés par un émoussement de la stimulation sociale et sensorielle entraînée par la situation d'isolement.

A l'inverse, certains ont remarquablement su gérer ce temps nouveau et s’accommoder à merveille à cette nouvelle manière de partager l'espace. En effet, dans cette période placée sous l'égide permanente de l'incertitude et des injonctions paradoxales, ils ont pu construire à la hâte un abri leur assurant un sentiment de maîtrise et de protection. Et pour cause ! Être chez soi demeurait bien là la seule chose sur laquelle on pouvait encore compter. Le même état émotionnel a été relevé au début du siècle dernier chez des chercheurs d'or ayant des difficultés à se mêler à nouveau à la civilisation après avoir croupi de longues années dans des huttes. C'est le syndrome de la cabane. Les raisons pour ne plus avoir envie de revenir à la vie d'avant le confinement sont nombreuses, et la peur de la contamination ne saurait être le seul motif.

Les conséquences psychologiques de la traversée d'une telle épreuve individuelle et collective doivent être prises en compte : les symptômes du stress post-traumatique émergeant dans l'après-coup, il est salutaire d'extérioriser et de verbaliser ce qui a ou aura été mal vécu. Passé l'effet de sidération, se faire aider est une voie possible vers un mieux-être visant à mieux vivre notre rapport singulier à l'espace-temps.


Nicolas Delorme

Nicolas Delorme, Psychothérapeute sur Saint Malo

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