Le modèle psychodynamique
Les psychothérapies dynamiques ou psychodynamiques se réfèrent à une méthodologie et un « savoir » tous deux issus de la psychanalyse : la prise de conscience émotionnelle de ce qui a déterminé notre personnalité, de ce qui du passé se répète dans le transfert, de ce qui résiste à la mise en mots, va permettre de mobiliser les ressources psychologiques autrement dans une ambition d'affronter les défis de la vie avec plus de liberté et de souplesse.
Le chercheur américain Jonathan Schedler publie en 2010 un article concluant à l'efficience des thérapies psychodynamiques, autant sur les troubles de la personnalité que sur les troubles psychiques. Il y démontre par ailleurs que l'efficacité d'un autre type de thérapie, les thérapies cognitivo-comportementales ( ou TCC ), résulterait au final de l'usage, par le praticien, de principes actifs issus du modèle psychodynamique.
Sur la base de
données empiriques recueillies au États-Unis sur une période
recoupant les deux dernières décennies du siècle dernier, l'auteur
souligne l’efficacité durable des thérapies
psychodynamiques, notamment sur les affections somatiques. A
l'inverse, en ce qui concerne les TCC, la rémission des symptômes
aurait tendance à se dissiper après l'arrêt de la cure.
Quel serait alors
le noyau commun à l'efficacité des thérapies psychodynamiques et à
celle des TCC ?
Selon ce même
scientifique, les effets proviendraient des changements
« intrapsychiques »
induit par le maniement de l' « alliance
thérapeutique » par le clinicien, et par la prise de
conscience d' éléments affectifs, jusqu'alors implicites, que
le cadre thérapeutique aura permis au patient d' « éprouver ».
Or, la conceptualisation même de cet état de fait revient
précisément au développement de l’œuvre psychanalytique amorcé
par Sigmund Freud au début du siècle dernier !
Qu'enseignent les élaborations récentes des neurosciences sur les prémisses de la théorie
psychanalytique ?
Le principe de
« plasticité
cérébrale »,
mis en exergue par les avancées technologiques de l'imagerie
médicale, rend compréhensible les liens de détermination entre le
traumatisme et le symptôme, et autorise à penser le remaniement
possible des symptômes par le travail thérapeutique.
Une synapse est un lieu de connexion
entre deux neurones assurant la transmission du message nerveux de
l'un à l'autre. Or, en introduisant l'idée selon laquelle les
synapses se mettent en place dans le temps, par vagues
successives, les neurosciences donnent les moyens de penser
l'articulation entre les facteurs psychiques et les facteurs
neurologiques.
On sait que les liens entre les
synapses ne sont pas fixes et que la réactivation d'un réseau
neuronal après une expérience passée fait en réalité appel à
une nouvelle création neuronale. Une telle description se calque
bien aux effets de l'après-coup freudien, principe selon
lequel une nouvelle expérience peut réorganiser les souvenirs
inconscients auxquels le psychisme
l'a raccordée.
Ainsi, la cure
psychanalytique pourrait susciter de nouvelles associations et
constituer un « environnement » apte à
remodeler l'architecture synaptique. Dans une certaine
mesure, l'actualité des recherches en neurosciences étaye le
caractère prodigieusement précurseur des intuitions freudiennes.