Logique du lien sectaire : des adeptes, un gourou et ses maître-mots

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- Manipulation mentale et soumission volontaire

Si la « secte » n'existe pas en soi, la « secte » reste l'occasion d'une réflexion sur les inquiétudes et les souhaits fondamentaux de l'homme. Il serait irresponsable de s'empresser de faire de la « secte » un bouc émissaire. N'est-il pas dangereux de laisser penser que la « secte » concentre toute la dangerosité et la négativité du monde ? La secte est aussi un fait social qui ne comporte aucune dangerosité en lui-même. Sabine Besson, avocate au barreau de Lyon, souligne la nécessité de peser le mot « secte » avant de l'utiliser. Le cas de monsieur Bernard Lempert, thérapeute et formateur, traîné devant les tribunaux à la fin des années 90, montre ô combien le mot « secte » est une injure. Il dit l'étendue du préjudice subi par celui qui est accusé d'être un gourou. Dans son ouvrage : « Droit de la famille, religions et sectes », Sabine Besson révèle la complexité du problème et montre l'intérêt de penser les problèmes au cas par cas.

Les magistrats se félicitent de leur neutralité face à la question religieuse. Ils ont appris à ne pas se laisser abuser par les préjugés contre les « sectes » au nom du respect de la liberté d'expression. Les magistrats ont le devoir de préserver le droit à la différence et à la dissidence. Les psychologues doivent repérer ce qui menace le libre arbitre tant à l'intérieur des familles que dans les sectes. Sabine Besson pense que les disposition légales évitent la chasse aux sorcières dans la mesure où elles engagent à respecter la liberté de conscience : « L'histoire montre que distinguer nommément les « méchants » des « bons » permet en temps de crise de s’accommoder facilement de certaines politiques d'épuration ». Le psychologue peut repérer la fonction de la religion pour le sujet en la considérant hors de toute idéologie. Il lui appartient de montrer le danger d'un mésusage des croyances en toute bonne foi. Le repérage d'un rapport aberrant à la religion ne met pas en cause le mouvement d'appartenance : il permet de prévenir un danger sans attaquer les croyances.

La recherche d'un maître à penser ou d'un guide est totalement conciliable avec la liberté d'opinion. La liberté de penser nécessite un difficile exercice et une élaboration contraignante. La liberté d'opinion renvoie à la liberté de choix. Que se passe-t-il quand elle renvoie à un désir de ne pas choisir ? La quête du lien sectaire peut s'expliquer par un désir de fuir une liberté déconcertante.

D'après la phénoménologie de la « secte », l'emprise se définit par un suivisme consenti et par l'incapacité d'exister sans insister dans une relation mortifère. La formule choc : « Je pense, donc tu suis », nous confronte brutalement à une logique relationnelle aberrante. Elle laisse envisager un lien paradoxal qui souligne la nécessité d'une vigilance soutenue dans toute démocratie.

L’épidémie sectaire débuta dans les années 1970 dans le monde occidental. La date du 18 novembre 1978, lorsque neuf cents adeptes du Temple du Peuple moururent volontairement ou furent assassinés, marque le début de l’intérêt massif des médias pour le phénomène. Le chercheur au CNRS Arnaud Esquerre publie un ouvrage intitulé « La manipulation mentale, sociologie des sectes en France ». La thèse forte qu’il soutient ainsi préalablement est que les « sectes » sont un fait de société fort ancien, l’histoire des religions le prouvant. De même qu’est ancienne la lutte contre les sectes. La nouveauté des années 1970 tiendrait alors à ce que pour la première fois le trait majeur attribué aux sectes tiendrait à leur emprise, à leur séduction pernicieuse. Ce n’est en effet qu’à partir des années 1970 que la lutte antisecte s’organise autour de l’idée de viol psychique ou de manipulation mentale. En un mot, l’idée de secte s’est sécularisée.

Les théories de la manipulation mentale mobilisent massivement les idées de charisme et de perversion d’un manipulateur talentueux en reconnaissant accessoirement une disposition ou une vulnérabilité chez la victime, vulnérabilité « sentie » par le manipulateur. S’y adjoint presque toujours la présomption d’une intentionnalité malveillante du manipulateur tandis qu’est minimisée une hypothétique participation de la victime : tout le monde est susceptible d’être manipulé.

Il serait possible de faire remonter la problématique de la manipulation mentale à la Grèce classique, dont les enjeux culturels se formulent dans deux des principales sectes philosophico-religieuses : les sophistes et les rhéteurs, et la Grèce archaïque dont la pensée mystico-religieuse se tisse entre les divinités Vérité (Alètheia), Persuasion (Peithô), Mémoire (Mnémosyne) et Oubli (Lèthè), et se soucie par la persuasion de la conduite des âmes : psychagogie.

Avec le développement du christianisme dans l’empire romain, se répand l’idée dominante selon laquelle une religion est affaire d’obéissance et de sujétion à l’autorité divine, qu’elle est intimement articulée à la morale. Concevoir le fait religieux en termes de soumission et de vérité exclusive implique que les mouvements religieux tendront désormais à se présenter comme étant la seule bonne soumission à l’ordre divin. Comme l’a remarquablement montré l'historien Paul Veyne, ce n’est qu’à partir du christianisme que se pose à tous, chrétiens comme païens, la question de nos croyances cultuelles et surtout de leur vérité. Depuis le christianisme, être religieux, c’est être croyant et croire que ce que l’on croit est vrai. Paul Veyne a raison de dire que la question de savoir si les Grecs croyaient ou non à leurs mythes ne se posaient tout simplement pas.

C’est bien dans ces circonstances et sous l’effet de la christianisation de l’Empire que le phénomène sociologique de « secte » a dû se transformer, passant de la simple école de pensée (davantage secte philosophique que religieuse) réunissant les adeptes d’une doctrine particulière (la secte des épicuriens, des stoïciens, la secte orphique, etc.) au groupe à la pensée déviante et hétérodoxe dont la principale caractéristique serait de n’être pas la bonne pensée, d’être l’autre pensée, et dont l’existence donne consistance par contraste à l’orthodoxie de la vérité dominante.

Tout débat qui cherche à trancher si tel groupe est sectaire ou ne l’est pas, s’il est religieux ou non, tout débat de cet ordre est bien une pratique culturelle fondamentalement latine et scrupuleuse et qui fait acte de foi dans la culture. Aujourd’hui, le scientisme idéologique confondant vérité et exactitude tend à réinscrire la vieille question chrétienne de la vérité des croyances en termes d’exactitude des croyances. Comme dirait le philosophe Ludwig Wittgenstein, l’œil ne peut se regarder voir que s’il consent au truchement de se représenter voyant. Toute tentative de dire le vrai est irrémédiablement une rétrodiction, et en cela, dire le vrai revient toujours à énoncer une fable, un mythe. Notre notion de « liberté de croyance » est une façon encore empreinte de christianisme de concevoir la « liberté cultuelle ».

Une sociologie du sectarisme contemporain confirmerait que, de nos jours, les sectes sont les groupes dont les adeptes n’ont justement pas les « bonnes soumissions » ainsi que l’écrit Arnaud Esquerre : Une personne en état de sujétion psychologique [c’est-à-dire dans une secte, manipulée] est une personne dont la causalité des actes est considérée comme provenant d’une autre personne. Ce qui est au cœur de l’article 223-12-5 du Code pénal est la reconnaissance ou non d’un certain type de causalité reconnue par l’État. L’introduction de la sujétion psychologique pose la question de savoir ce qu’est la liberté d’un sujet : un sujet « libre » est celui qui a les bonnes soumissions, soumissions reconnues par l’État.

Depuis 2001, date à laquelle l’idée de manipulation mentale est entrée dans la loi française : loi About-Picard, c’est la sujétion psychologique qui est condamnée et pénalisée, quelle que soit la situation où elle est repérée, à partir du moment où elle répond aux critères fixés par l’article. Cette notion juridique inédite, la sujétion psychologique, pose la question de savoir ce qu’est la liberté d’un sujet. En l’occurrence, il apparaît qu’un sujet “libre” est celui qui a les bonnes soumissions, c’est-à-dire celles reconnues et autorisées par l’État.»

Cette perspective sociologique et anthropologique nous est précieuse pour cerner au mieux le fait sectaire comme phénomène social contemporain certes, mais aussi et surtout comme expérience toujours particulière d’individus singulièrement sujets du langage, c’est-à-dire nécessairement et réellement soumis à un système symbolique socialement partagé. Ce faisant, nous suivons la thèse éclairante du sociologue Alain Ehrenberg : « ce n’est pas parce que les choses sont plus personnelles qu’elles sont pour autant moins sociales. » Ou bien comme le formule Lacan dans le séminaire « L'envers de la psychanalyse : « Le collectif n'est rien que le sujet de l'individuel ».

Toute rencontre de deux individus se joue ainsi nécessairement sur fond d’un troisième terme : le social. Toute rencontre se supporte de ce que Freud a indexé du terme de travail de la culture : Kulturarbeit. Mais il existe certains liens à l’autre « à deux » : « auto-érotisme à deux » ( Masud Khan ), « groupe à deux » ( Bion ), « secte à deux » ( Jean Claude Maes ). Charles Lasègue, fin clinicien, livre dans son article un grand nombre de vignettes où il tente de comprendre comment un individu raisonnable a pu être pris au piège du délire d’un aliéné. Lasègue en donnera des descriptions dès la seconde moitié du XIXème siècle en analysant le phénomène de la « folie à deux ». Freud écrivait quant à lui que l'hypnose relevait d'un phénomène de « foule à deux ».

Lorsque Lacan dit qu’il n’y a pas de non-croyants, il parle d’un certain rapport de confiance dans une figure de l’Autre. Cette idée qu’il est nécessaire de croire apparaît aussi chez Derrida dans « Foi et savoir ». Le rapport fiduciaire à l'Autre supporte un acte de foi fondateur. En introduisant l'idée d’une confiance implicite dans la culture, on peut situer le questionnement sur la croyance à un niveau infra-psychologique. Le phénomène psychique de croyance, quelle qu’en soit la théorie que l’on en fait ( psychanalytique, phénoménologique, philosophique, cognitive, etc. ), manifeste sa grammaire sur le fond constitutif et premier du rapport au langage et à la culture qu’entretiennent les êtres parlants.

La croyance joue un rôle de compensation mais elle est également une fonction de structuration subjective. Le sujet ne peut pas exister sans croire en ses parents puis en ses maîtres. Le déplacement de l'amour et de la haine sur des sujets supposés tout pouvoir et tout savoir s'appuie nécessairement sur une attente croyante qui permet un abandon confiant à une figure particulièrement investie. Pour Julia Kristeva, philologue et psychanalyste, c’est dans la rencontre inaugurale repérée par Freud avec ce parent aimant et soignant que s’enracine le besoin de croire pré-religieux. Autrement dit, le nourrisson se trouve dans la nécessité de croire comme une certitude, une évidence, que cet être qu’il distingue encore mal lui assure la satisfaction de ses besoins primaires et vitaux : la vérité préhistorique du sujet.

À l'occasion de sa clinique, la psychanalyse découvre une homme complexe et vulnérable. Elle renonce à la notion d'individu et souligne la singularité du « sujet » radicalement divisé et clivé. Liée à un processus identificatoire complexe, l'aliénation fondamentale implique l'inscription du sujet dans la culture. Elle suppose un effort d'adaptation et une évolution subjective. Cette division subjective fait la force paradoxale du sujet, une force fragile. La conception psychanalytique permet de faire la part entre un individu et un « sujet ». L’individu serait une identité assurée d'elle-même, étanche et bien séparée des autres. Le « sujet » témoigne de la force de la parole et de son impact ou de son inscription sur le corps. Par ce terme est rendu compte d'un être qui, non identique à lui-même, s'échappe à soi-même.

Le sujet n'existe pas d'emblée. Il surgit à la croisée d'un individuel et d'un social. Totalement vulnérable en son état de nature, le sujet doit sa force aux relations dont il se construit. Très dépendant des autres, ce sont ses efforts singuliers de démarcation par rapport à son prochain qui lui confèrent une tenue subjective et une unité. Non transparent à lui-même, le sujet humain se réserve un espace à l'abri des regards et des mots qui tentent de le saisir. En ce sens, sa division subjective lui est un bien précieux. Le sujet existe ou se démarque de son être au monde grâce aux interdits et aux empreintes verbales. La dépendance aux autres ne se décrète pas : c’est une réalité incontestable de l'existence humaine. L'être singulier résulte d'identifications et d'influences multiples : irréductible à une somme d'emprunts, il existe dans et par la durée, dans et par les autres. Ainsi, la prescription sectaire de dépendance absolue engage l'être dans une impasse pathologique.

Une définition de la « secte » par la triade : sexe, argent, pouvoir, n'est d'aucune utilité préventive car elle ne spécifie pas le fait sectaire. Dans une logique préventive, la distinction entre lien social et lien sectaire implique une réflexion sur la science et la religion. Une analyse des discours sur la science et la religion permet de repérer ce qui fonde la dangerosité au cœur de l'idéologie et de la croyance. C'est un préalable indispensable à la construction de l'objet « secte » du point de vue de la psychologie.

Pour les croyants, la « secte » est un signe de dégradation des mœurs, de déliquescence. Elle est le symptôme de la perte d’autorité des Églises. Du côté des non-croyants, la « secte » témoigne d'une dangereuse recrudescence de religiosité. Science et religion sont des objets particulièrement valorisés, indispensables au soutien de l'homme dans l'existence. La mise en concurrence de l'une et de l'autre fait référence à un prêt à penser ou à un implicite qu'il convient de repérer.

En dépit de sa perte de prestige dans les démocraties, la religion peut encore inspirer des positions fanatiques et un rejet de la science. La sacralisation de l'univers et la réification de la Révélation suscitent encore de violentes protestations contre le développement des techno-sciences. La croyance en Dieu ne suffit pas à assurer l'amour du prochain et le pardon. Les discours intégristes ou fondamentalistes rejettent toute idée venant contredire les vérités sacrées. La crispation sur le dogme et sur les bonnes interprétations de la Bible présentent un danger indéniable.

Les discours rationalistes ou progressistes regrettent la permanence de la pensée mythique et de la croyance religieuse qui retardent l'accès à une connaissance totale. De leur point de vue, la science est l'aboutissement de la pensée humaine, le seul système explicatif digne de l'homme moderne. Elle peut prétendre rendre compte de la totalité du réel. Cette sacralisation de la science et de la connaissance est cause de dérives lorsque les énoncés scientifiques font référence absolue.

Repérer les caractéristiques de la démarche scientifique, c'est s'offrir le luxe de répondre à ceux qui accordent une confiance aveugle à la science et font comme si elle avait une conscience. Il ne faut pas confondre les consommateurs de savoirs et les scientifiques qui acceptent la remise en cause permanente de leurs hypothèses ou de leurs thèses. L'idée de modèles provisoires et révisables entretien une certaine analogie avec la recherche spirituelle et mystique. La quête scientifique est initiée par un désir de savoir et de pouvoir. La démarche scientifique permet un décryptage progressif du réel. Elle se fonde sur l'expérimentation et l'argumentation logique. La science est dérangeante mais également fascinante. Tout dépend de la place qui lui est accordée et des usages qui en sont faits. La déception de l'homme face aux limites de la science et de la médecine est à la mesure de leur idéalisation.

L'expression du contentieux entre science et religion souligne les difficultés de l'homme à accepter plusieurs modes de connaissance ou plusieurs éclairages d'une même réalité. Freud nous rappelle que la science n'est pas le seul mode d'accès au réel : l'homme a longtemps été contraint d'expliquer l'existence et le monde par les mythes. Le père de la psychanalyse est un chercheur qui a su dépasser les préjugés transmis par sa formation médicale et ses propres erreurs. Freud se méfie des discours tout prêts qui justifient parfois des choix aberrants. Il reconnaît le décalage entre la réalité du sujet et l'idée qu'il a de lui-même.

Il est utile de distinguer entre quête de sens et production de significations destinées à calmer l'anxiété et l'angoisse humaine. La science engage une quête de la connaissance qui n'est pas synonyme de vérité. La religion peut s'inscrire dans une recherche de sens qui n'a rien à voir avec une demande de solutions définitives. Le religieux ne se réduit pas à un principe de sacralisation ou de divinisation. Il renvoie à des attitudes et à des attentes complexes.

Freud n'idéalise pas la science car il reconnaît les limites de toute connaissance et se méfie de la prétention à détenir la vérité. Il déplore chez les médecins une demande de catéchisme ou de certitude. Source de toutes les conduites répétitives névrotiques, le fameux : « Je sais bien... mais quand même » en dit long sur la propension humaine à l'illusion. Le besoin humain de conjurer la peur de l'inconnu rend compte de la permanence de la pensée magique et la croyance au Père Noël : logique intellectuelle et logique du désir sont inextricablement liées l'une à l'autre.

Contrairement aux tenants d'une science triomphante, Freud accorde de la valeur aux mythes qui posent des mots sur le réel de l’expérience humaine. Les mythes grecs de Narcisse et Œdipe lui parlent des fantasmes et des angoisses d'un sujet confronté aux limites de sa liberté et à une singularité essentielle. Le discours mythique est structuré par une parole sur l'indicible ou la réalité immuable, mais aussi par la logique : sa valeur tient à sa capacité de rappeler des choses authentiquement éprouvées et conservées par des mots. Pour Freud puis pour la psychanalyse, le mythe est une tentative de réponse à l'énigme fondamentale de l'existence.

Le Réel est le reste qui subsiste entre la chose et ce que l'homme peut en dire. Il renvoie au registre de l'imprononçable, de l'indicible générateur d'angoisse : il est ce qui s'impose et qui dérange nos désirs de complétude, de maîtrise et de grandeur. Le registre de l'imaginaire est dès lors indispensable à l'homme : il est le bain culturel dans lequel il est appelé à vivre et à évoluer. Il offre au sujet le moyen de ne pas trop souffrir de ses insuffisances et insatisfactions. Il est une sorte d'implicite qui le protège. Le registre symbolique fait référence à la loi ou au tiers qui structure la vie sociale : il est lieu de référence externe, domaine de l'altérité qui imprime sa marque sur le sujet et fait sa singularité.

Ce registre symbolique permet la prise de risque et un certain écart par rapport au conformisme. Il est en quelque sorte l'armature de l'imaginaire. Il est ce qui existe au-delà des productions projectives. Il fait la singularité irréductible du sujet et porte ses désirs, mais il rend son autonomie impossible et impensable. En ce sens, la prétention à l'autonomie est un leurre. La Bible comme la science nous ouvrent au réel, à l'imaginaire et au symbolique. Les récits mythiques nous confrontent à ces trois registres de l'expérience humaine : ils interpellent le sujet et lui révèlent sa condition spécifique.

Le lien social est la rencontre paradoxale du singulier et du commun, du sujet et de l’Autre du collectif, où l’être parlant devra trouver le moyen de loger son désir sur la toile de l’institution du langage. Le lien social est fondé sur la reconnaissance de l'altérité. Un lien social respectueux du sujet nécessite la démocratie et la laïcité, et se tisse dans une référence à la science, à la religion, aux mythes, à des rêves et des récits collectifs. Fondé sur la morale et sur l'éthique, il n'exclut pas la dimension du conflit. Ce sont autant de repères pour penser le lien sectaire.

La laïcité n'est ni un relativisme, ni un anticléricalisme primaire. Définie par la tolérance des différences et la garantie de la liberté des cultes, elle invite à la reconnaissance de l'altérité. En tant que principe de neutralité, elle implique nécessairement le respect du sujet et de sa liberté. Elle suppose le renoncement à une vérité totale et définitive et une lucidité sur l'homme. Cette position n'a rien à voir avec la déliquescence. Les trois points cardinaux de liberté, égalité, fraternité, sont une des expressions possibles permettant la laïcité. Ils sont les caps indispensables au navigateur : elles lui offrent une orientation mais elles ne peuvent jamais être totalement rejointes ou possédées.

La responsabilité est d'abord ce qui permet de dépasser le conformisme et l'anticonformisme. Elle se fonde sur la reconnaissance d'une dette symbolique, la conscience d'une altérité et l'échange avec un autre irréductible à soi-même. La conscience d'une interdépendance entre lui et les autres amène l'homme à renoncer à son autonomie. L'exercice d'une responsabilité lui permet de se confronter aux différences et de s'affronter à l'inconfort et aux risques de la liberté.

La distinction entre devoir et responsabilité permet de faire valoir la nécessité de la subjectivité dans l'éducation : le devoir est une injonction sociale, tandis que la responsabilité est le mode singulier d'y répondre. La distinction entre devoir et responsabilité permet de comprendre l'empressement de certains sujets élevés dans le respect de leurs obligations à s'en remettre à des mentors. De ce point de vue, l'autonomie prescrite par certains mentors est la négation même de la responsabilité : la réalisation d'une utopie sur terre est antinomique avec le principe d'éducation. Le juge Michel Huyette et maître Besson parlent de faute éducative quand les parents abandonnent l'éducation de leur enfant à une secte ou à un Ashram.

L’on n’est jamais suffisamment autonome. Toujours sous influence, toujours soumis à quelques idées, ou valeurs, ou systèmes de croyance. Nul ne peut en vérité faire la démonstration de la pleine réalisation de son autonomie. Dès lors, il est impossible de fixer une frontière entre des notions telles que décision volontaire et choix totalement induits. La conception d'un individu autonome ou autodéterminé conduit à expliquer l'appartenance sectaire par une programmation, une désintégration de la personnalité, une manipulation mentale ou une dilution de l'individu dans un groupe. La notion d'autonomie contredit celle de liberté et de responsabilité. La conception d'un sujet hétéronome inscrit dans un processus d'existence, conduit à penser l'appartenance sectaire en terme de dépendance active, de terrorisme mental, de soumission volontaire, de troubles identitaires dépendant des positions et des demandes subjectives. La notion de sujet dépendant de la culture et de ses maître-mots, implique celle de liberté et de responsabilité.

La psychopathologie de l'appartenance sectaire dépend de deux types d'attaques du sujet : l'enfermement dans une illusion mortifère et la soumission à un contrôle sectaire. Le sujet est d'abord victime d'une imposture ou d'une escroquerie : il contracte un marché de dupes au sens où les propositions l'invitent à un repli dans une position aliénante. Le mentor est persuadé de détenir la vérité, le futur adepte attend un bienfait ou un résultat assuré. Le gourou est une canaille qui se fait passer pour Dieu ou un une figure d'autonomie à qui rien n'est impossible. C'est le consentement du sujet qui confirme sa toute-puissance ou lui donne raison.

Lorsque le Surmoi tyrannique règne en maître, l'accès à la responsabilité et à la liberté est barré. Le sujet est incapable de décider ce qui est bon ou mauvais pour lui. L'endoctrinement génère la méfiance envers tout élan spontané. L'intolérance à toute émancipation suppose nécessairement un malaise face à tout ce qui évoque l'altérité. Pour se protéger de l'angoisse provoquée par le relativisme, le sujet est attiré par les belles histoires. Il cherche des explications et des maîtres susceptibles d'arrêter l'interrogation. Le gourou s'acharne à extirper de l'adepte tout ce qui constitue sa première identité ou sa première manière d'être en lien avec le monde.

Les notions de « secte à deux » ou de « couple sectaire » se sont déduites des rencontres cliniques qu’a fait J.-C. Maes à SOS-Sectes où un nombre croissant d’usagers qui, sans avoir fréquenté le moindre groupe sectaire, reconnaissaient leur problématique dans le maître-mot « secte » : ils disaient avoir été sous l’emprise d’un « gourou ». Il s’agissait, suivant les cas, d’un pervers sexuel, d’un conjoint maltraitant et/ou harcelant, d’un tyran domestique, d’un abuseur, d’un escroc, d’un maniaco-dépressif, etc. Le point commun entre tous ces personnages, était une personnalité se situant clairement sur le versant narcissique. Voilà le profil du « gourou ».

Des données sociologiques permettent d’affirmer que seulement 2% des adeptes convaincus sont sans qualification, que plus de la moitié (51%) des personnes interrogées a fait des études supérieurs, et 14% ont un niveau Bac+5 ou plus. La sociologie permet de briser efficacement le fantasme de l’adepte sot qui se fait prendre au piège facilement par simple bêtise. Les associations de défense contre les « sectes » reconnaissent un point commun aux adeptes : ce sont pour la plupart des sujets mal dans leur peau, déprimés ou fragiles. La vulnérabilité n'est pas toujours apparente.

Il existe différents discours du fait sectaire et de la manipulation mentale. La manipulation mentale est alors moins un véritable phénomène d’emprise psychologique qu’un discours social qui imprègne la société : c’est un dispositif. Être adepte d’une secte, c’est certes mobiliser une certaine identité, une représentation de soi. C’est aussi et surtout parler depuis un certain discours et selon une certaine adresse, c’est soutenir une position de sujet du langage dans le lien social, position qui est un effet du discours.

Les différentes théories psychologiques ou sociologiques établissant la causalité de l’emprise de l’adepte par la secte ne reconnaissent généralement pas d’implication volontaire et responsable de l’adepte dans son aliénation, la causalité étant mise sur le compte de l’emprise par le groupe ou par le charisme du gourou ou du thérapeute mal intentionné : le « Diable » est aujourd’hui le seul coupable, quand autrefois le chrétien était moralement impliqué lorsqu’il succombait aux persuasions des mauvais démons. Les quelques théories rendant compte de la position participative de l’adepte à son aliénation souffrent d’un véritable insuccès dans la culture : les associations de victimes n’en tiennent pas compte ou les condamnent vivement.


En France, le psychiatre Jean-Marie Abgrall fait figure de principal théoricien de l’aliénation sectaire. Il constitue une référence désormais culturelle qui diffuse dans les associations de victimes, dans les articles, et parfois jusque dans les salles d’audience des tribunaux où ses travaux peuvent être cités. Ce que ses livres tentent d’expliquer, c’est bien la nature et le fonctionnement, « la mécanique » du lien qui tient solidement l’adepte d’une secte, également nommé « groupe coercitif ». Le désir de démonter les ressorts de la mécanique des sectes conduit Abgrall à délaisser la question des exceptions et des singularités dans les comportements. La thèse que soutient le docteur Abgrall soutient empêche de considérer les cas de résistance à la coercition. Lorsque Abgrall se réfère à l'expérience psychosociale de Milgram, c'est pour montrer la propension de l'homme à se soumettre à l'autorité, mais il ne se demande pas pourquoi certains conservent leur sens de la responsabilité ! La thèse de la manipulation mentale présente le sérieux inconvénient de déresponsabiliser le sujet et de bloquer un travail d'élaboration personnelle. A ce propos, Abgrall reconnaît que dans certains cas, la « secte » peut servir d'exutoire, en évitant une confrontation à certains problèmes familiaux.

Si la Bible traditionnelle est une œuvre paradoxale, c’est bien dans le paradoxe que se loge la vérité énoncée. Or, la Bible jéhovique est un livre Un, lavé de toute ambiguïté, arrêté à une interprétation close et univoque. Une logique implicite semble parcourir silencieusement le discours jéhovique, une logique administrative et comptable, une rationalisation du discours lui-même. Le discours sectaire peut se caractériser comme opérant une virtualisation de l'ordre symbolique. Le groupe des Témoins de Jéhovah a besoin de se poser en victime et de diaboliser le monde pour maintenir la validité de sa croyance. La position de persécuté lui permet de se rassurer sur la pureté qui lui vaudra la récompense divine.

Le Jéhovisme est sectaire du fait même de ses croyances. La doctrine ne questionne pas le sujet : elle exige le sacrifice de la liberté de penser. Elle suscite la crainte et la prosternation. C'est l'interprétation de l'alliance conclue entre l'homme et un père sévère divin qui explique l'attentisme et le désengagement des adeptes. Les préceptes exigent des pratiques précises. C'est l'interprétation littérale des paroles prophétiques qui justifie l'attitude capricieuse ou orgueilleuse des Témoins. Tout se passe comme si le rappel permanent de la nécessité d'obéir à des principes intangibles permettait aux Témoins de Jéhovah d'éviter les risques d'une existence singulière. L'obéissance scrupuleuse à des obligations extra mondaines permet de fuir la relativité du temporel. C'est au nom de la vérité que la secte justifie sa préférence pour des normes ancestrales totalement relatives et arbitraires. La société de la Tour de Garde réprouve les mauvaises influences et condamne les « raisonneurs ».

Du point de vue du psychologue, le moralisme religieux des Jéhovistes ne prédispose pas l'adepte à reconnaître le principe d'altérité. L'attitude sectaire ne facilite pas la tolérance envers ceux qui n'adhèrent pas à la doctrine. La passion du jugement entretient l'incompréhension et complique considérablement toute relation avec le prochain. Les individus sont classés en trois catégories : les profanes ou les « ennemis de la vérité », les postulant en cours d'instruction, appelés aussi « amis de la vérité » et enfin les baptisés, dits « dans la vérité ».

Alors que la famille moderne est largement invitée à respecter les places et les libertés de chacun, la famille jéhoviste est organisée par un principe hiérarchique qui simplifie l'exercice de l'autorité parentale : « Il est conseillé d'étudier les Écrits Jéhovistes et de prier en famille , de prendre ses loisirs avec d'autres Témoins sous la surveillance d'un aîné de congrégation, d'inviter les « pionniers spéciaux » ( proclamateurs à temps plein ) à sa table... Ainsi conçue, la famille devient un appendice de l'organisation […] De cette façon, la frontière entre l'espace religieux et la vie privée ou publique est abolie. » ( Champion et Cohen : « Sectes et Démocratie » )

Pour les Témoins, la famille qui refuse la vérité de la Bible est sous l'influence de Satan. Dans la famille Jéhoviste, l'enfant subit la dépendance aux parents qui peut normalement être dépassée à l'adolescence, et il est mis en forme par la secte avec l'assentiment des parents, dans une double pression exerçant un contrôle constant. L'adolescent aura dès lors beaucoup de mal à se dégager d'une emprise familiale renforcée par ce contrôle sectaire. Les Témoins de Jéhovah ont un goût prononcé pour la hiérarchie et la transparence. L'enfant sait très tôt que Dieu voit tout et sait tout ce qu'il pense. Convaincu d'être jugé en permanence, il devient son propre tyran.

Le dieu jéhoviste n'est pas le père miséricordieux de l'évangile : lors de l'apocalypse, il ne sauvera que les fidèles de la secte. C'est un Bon Dieu conditionnel : sa générosité est réservée aux prosélytes. Ce dieu attaché à un groupe particulier, ce maître contrôlable, punit ceux qui croient en la liberté. Cette croyance en une figure de Dieu irritable se constitue d'un refus de reconnaître un espace de communication libre entre ceux qui ont constitué le trésor biblique et l'homme moderne. Une telle religion ne peut supporter l'idée d'une possible émancipation des mots inscrits dans le Livre. Elle est issue d'un désir de contrôle inouï. L'interdiction de contribuer à la vie sociale et politique apparaît comme la conséquence d'un sacrifice consenti à un Dieu cruel ou pervers. Les pratiques des Témoins relèvent une intolérance au manque et à la mort.

L'adepte n'est pas le disciple : il n'est pas celui qui se rend disponible à un enseignement et à une parole qui le rejoint dans son expérience personnelle. Il est celui qui est promis à un sort d'élection. C'est ce désir qui lui fait accepter le contrôle d'un maître absolu ou imiter des guides bien intentionnés qui lui promettent la participation à un ordre nouveau particulièrement enviable. Du côté de l'adepte, la quête de complétude ou d'autodétermination se paie d'un consentement aux pratiques les plus folles ou les plus immorales.

Les pratiques de croyance, le contrôle du corps, de la sexualité et de l'alimentation réduisent progressivement l'adepte à cet état de pantin exténué et exalté. Le remplacement des désirs par des buts impensables ou des rêves inaccessibles activent des défenses irrationnelles. Le sujet, privé du recours à l'altruisme, à la sublimation, à l'humour ou à l'anticipation, évite les facteurs de stress par une soumission passive et un auto-empêchement ou un autocontrôle.

L'homme qui agit sous la contrainte fait l'économie du regret. Comme le soulignent les psychologues israëliens Kahneman et Tversky, celui qui s'empêche d'agir s'évite du déplaisir. D'un point de vue économique, l'inaction et la routine préservent l'adepte d'une bien trop pesante liberté. D'un point de vue cognitif, l'anticipation du regret explique la défense contre l'activité : l'adepte se laisse tenter par une active passivité. Le processus de « coping » rend compte des efforts cognitifs et comportementaux pour réduire une trop grande tension émotionnelle.

La juxtaposition de sujets autonomes et individualistes est antinomique avec la conception de la société et de la civilisation. La notion de manipulation mentale peut prêter à confusion et légitimer des pratiques violentes de déprogrammation. Réduit à l'idée qu'on s'en fait, le sujet est enfermé dans un cercle vicieux : il perçoit de lui ce qu'il est censé voir. Il cherche à devenir ce qu'il est censé être. Avant, il y a un sujet et une quête de sens, après, il y a un adepte égaré. L’injonction à l'autonomie entraîne une robotisation. Si la croyance dans une programmation réversible relève d'une conception tragique de l'humanité, la reconnaissance de la soumission volontaire résulte d'un pari sur le sujet : elle laisse la porte ouverte à une infinité de possibles.

Le discours sectaire peut-être contourné par son après-coup sous la figure de l’ex-adepte et de la victime. La catégorie psychanalytique de « névrose de transfert » est pertinente pour rendre compte du phénomène d’emprise et de son après-coup. Dans l'après-coup, les ex-adeptes s’inscrivent dans un autre discours, post-sectaire et victimaire. Ils sont parfois invités sur des plateaux de télévision pour témoigner de leur expérience douloureuse au sein d’une secte : « Ce n’est pas parce qu’on a voulu, c’est qu’on était sous emprise. Celui qui l’a reconnu doit accepter sa parole sans condition. […]Tout ça, parce qu’il nous le demandait. J’ai lu des livres, j’ai rencontré des experts de la Miviludes qui m’ont expliqué. »

L’Association pour la Défense des Familles et de l’Individu victimes de dérives sectaires : ADFI, est une structure accueillant les anciens adeptes de mouvements sectaires ou les familles victimes de ces mouvements, de l’endoctrinement d’un proche par une secte. Les visiteurs de cette association ainsi qu'une bonne partie des intervenants se réunissent autour du maître-mot « victime ». Dans le cas des associations de victimes, le singulier est noyé dans le commun, dans la communauté : « Nous sommes tous des victimes ».

L’agent de ce discours, le programmateur, est l’opérateur qui « sait », l’expert (un psychologue par exemple) qui produit le savoir, détenteur d’un savoir-faire. Ce savoir s’énonce sur le modèle du discours scientifique : il s’agit d’un énoncé objectif, valant pour tous, pour toutes les sectes et tous leurs adeptes. Un ensemble de mécanismes mis en œuvre par la secte opèrent la transformation de l’individu sain et adapté en la victime diminuée et frustrée dans la réalisation d'une complétude et d'une autonomie promue par le discours dominant. Ces mécanismes ( relevant bien souvent de la technique publicitaire) provoquent une réaction causale : s'il y a technique de manipulations mentales, alors il y a victimes de l’emprise sectaire. « Je suis la victime d’une secte », tel est le produit de ce discours au terme de l’intervention du programmateur-victimologue.

L’association des victimes de sectes peut donc appeler de ses vœux un expert programmateur qui accomplisse la tâche de déprogrammer la victime et de la reprogrammer, de l’aider à se ranger sous le maître-mot « victime », à partir duquel le sujet pourra espérer loger sa singularité dans le récit commun. Ce n’est que dans l’après-coup que cette expérience sectaire revêt son caractère traumatique. La plainte victimaire nous introduit à une dualité : Moi-victime contre Lui-agresseur, et donc à une exigence de réparation, de fortification du Moi et de recouvrement d'une jouissance perdue. C'est un parti pris idéologique. Une autre voie thérapeutique serait d'amener le sujet ex-adepte à s’interroger sur son désir : pour quelle mystérieuse raison ai-je rejoint cette secte ? Pourquoi diable ai-je fait ou dit cela ? Lorsque le sujet reconnaît sa propension à la destructivité ou à l'agressivité, il n'a alors pas besoin d'identifier un persécuteur ou une figure démoniaque.

L’adepte qui commet l’Acte de sa sortie de la secte échappe à la logique qui animait le discours sectaire, logique d’exigence de jouissance et de fortification du Moi. L'ex-adepte d'une secte incarne symboliquement la figure du Traître : écho au Judas Iscariote, de la Victime expiatoire, propitiatoire : la victima des Anciens, et enfin d’un Révolutionnaire ou d’un Résistant, héroïque ou bien dangereux : la dimension héroïque de l’Acte de la sortie d’une secte fait résonner un réseau de maître-mots culturels. Dans l'après-coup, celui qui a le sentiment de s'être « fait avoir » accepte d'avoir recours aux institutions sociales si méprisées par la secte. Après coup, certains ex-adeptes soulignent leur propre crédulité et n'en reviennent pas d'avoir marché dans une telle combine. A leur sortie de secte, les adeptes réalisent qu'ils l'ont échappé bel. Il se félicitent d'avoir encore toute leur conscience. L'humiliation éprouvée à la sortie de la secte est d'autant plus forte que le sujet retrouve brusquement la pudeur qui lui a été subtilisée à l'occasion d'une pratique sacrée.





Nicolas Delorme

Nicolas Delorme, Psychothérapeute sur Saint Malo

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